Autrefois tout-puissant sur les consoles, le J-RPG semble dorénavant dans l’ombre des jeux de rôle dits européen. Quand on pense à ce genre tout particulier, des jeux comme Elder Scrolls trust le haut des charts. En effet, 4 ans après sa sortie, le studio Bethesda annonçait déjà avoir vendu 20 millions d’exemplaires de son RPG. Cependant, il existe des différences fondamentales entre les jeux produits en Europe et ceux créés au Japon. Une approche qui n’est pas la même et qui pourrait expliquer la domination de l’un sur l’autre.
Pourtant, cette apparente hégémonie est un trompe-l’oeil. Le J-RPG a laissé des traces indélébiles dans le monde vidéoludique et il continue de le faire. Quelles sont alors ces influences, et qu’est-ce qui explique la « soi-disant » mise en retrait des J-RPG sur consoles ? Voici quelques éléments de réponse.
Le J-RPG, une tradition de linéarité
Contrairement à son homologue européen, le jeu de rôles japonais n’offre que très rarement la possibilité de créer son personnage. C’est que de la conception à la réalisation, les objectifs des développeurs sont complètement différents. Le J-RPG suit traditionnellement une histoire bien précise, avec des personnages construits. En tant que joueur, vous êtes le témoin d’une aventure et vivez celle-ci avec les acteurs (souvent charismatiques et possédants une personnalité bien définie), dans un monde que vous ne pourrez que très peu transformer. L’accent est mis sur une réalisation presque cinématographique avec un soin particulier apporté aux graphismes et à la musique.
C’est aussi une des raisons du succès des OSTs de ce genre. Au contraire, le jeu de rôle européen revendique son héritage du RPG papier. Comme dans Donjons et Dragons, vous pourrez donc créer votre personnage de toute pièce et surtout, vaquer dans un monde ouvert sans avoir l’obligation de vous préoccuper de la trame principale.
Photo par joatseu, CC0
La Switch est typiquement une machine parfaite pour les RPG japonais de plus en plus présents sur des supports portatifs
Là où le J-RPG veut vous conter une histoire et développer des personnages, le RPG européen désire créer un monde cohérent tout en simulant une impression de liberté. Il s’agit donc bel et bien de deux sous-genres totalement différents. Mais, même dans les RPG européens, l’influence du J-RPG se fait ressentir.
Un héritage plus métissé qu’on ne veut le croire
Si Bethesda se concentre sur un RPG presque entièrement européen, d’autres développeurs à succès ont opté pour un mixte entre rpg et J-RPG, Rockstar en tête. C’est que le jeu de rôle japonais a une histoire riche. De ce fait, il possède quelques chefs-d’œuvre qui ont influencé son style et transformé le jeu vidéo plus largement. FFVII, le grand classique est de cette trempe des jeux mythiques. Malgré une fin décriée que beaucoup considèrent comme l’une des pires de l’histoire, le jeu de Square Enix est devenu un exemple à suivre.
Pour le charisme de ses personnages d’abord, de véritables héros attachants au design intemporel. Mais aussi pour son ambiance, son ton et ses dialogues fouillés. Pour une histoire cohérente et épique aussi. Pour son méchant, enfin, qui aura marqué toute une génération et cassé de nombreuses manettes.
Pour ses jeux comme GTA ou RDR, Rockstar a donc eu la sagesse d’allier un monde ouvert à des personnages charismatiques et une histoire qui tient la route. Ici, comme dans un jeu vidéo japonais, l’intrigue principale est bien séparée des quêtes annexes, laissant la possibilité aux joueurs de suivre un scénario bien spécifique au sein même d’un monde ouvert.
Mais bien au-delà de l’héritage, le J-RPG n’est pas mort, il a su partiellement se transformer et évoluer avec son temps. Car, de son côté aussi, quelques idées venues du vieux continent ont laissé des marques.
Photo par Victoria_Borodinova, CC0
En s’inspirant notamment des RPG japonais, Rockstar a conquis le marché du jeu vidéo
Le J-RPG un style loin d’être monochrome
Si les RPG japonais avaient certaines similitudes au début du genre, les jeux et leurs approches sont aujourd’hui trop nombreux pour pouvoir les enfermer. La dorénavant mythique série des Dark et Demon’s Souls est bien la preuve de l’évolution vidéoludique des créations japonaises. FromSoftware a ainsi récupéré les codes du RPG européen, mais l’a mixé avec sa propre approche des rpg pour en faire un chef-d’œuvre aussi jouissif qu’inaccessible de prime abord.
Un jeu comme Genshin Impact, développé par une société chinoise, certes, mais qui revendique sa filiation graphique avec l’univers des J-RPG fait un carton. Les consoles portables, enfin, continuent de posséder un catalogue plus que riche en matière de J-RPG et des chefs-d’œuvre ont encore récemment fait l’unanimité.
Loin d’être mort ou dépassé, le J-RPG s’inscrit dans un genre plus homogène où chaque sous-genre influence l’autre. Pour autant, il reste un des mastodontes du jeu vidéo et si des licences comme Dragon Quest, Final Fantasy, ou encore Fire Emblem ne seront jamais oubliées, gageons que des nouveaux jeux apporteront très bientôt leur pierre à ce panthéon du monde vidéoludique.